Isabelle Drai,
« Les Jardins d’Altaïr »

Bien qu’elle ait grandi en ville, Isabelle a souhaité exercer un métier en lien avec la terre et en harmonie avec la Nature : elle est aujourd’hui productrice de plantes médicinales, non seulement en Agriculture Biologique mais aussi en Biodynamie.

ARH : Comment vous êtes-vous orientée vers les plantes ?

Isabelle Drai : Je suis originaire de Paris. Lorsque j’étais petite, ma mère m’emmenait dans les jardins et me sensibilisait à la Nature. Nous partions à la campagne, où j’aimais beaucoup aller dans les bois, observer les oiseaux, les plantes. Je me suis ainsi initiée à la Nature. J’avais un grand-père et des oncles agriculteurs, dans des grosses fermes intensives. A la fois j’étais attirée par leur métier, mais aussi repoussée par le manque de nature qu’il y a dans ce type d’agriculture. Je me suis alors inscrite en formation d’ingénieur agronome à Toulouse. Je ne me suis pas retrouvée dans tout pendant mes études : une partie très technique ne me plaisait pas vraiment, je voulais rester large pour ne pas rétrécir trop vite mon champ de vision. En revanche j’ai beaucoup aimé la botanique et l’aménagement du territoire.

J’ai fait un stage au Parc National des Pyrénées, pour faire un inventaire floristique ; c’est là que j’ai fait mes premières cueillettes ! A la même époque, j’ai rencontré mon mari, qui récoltait déjà pour faire des tisanes, pour lui et ses amis. A la fin de mes études, j’ai travaillé quelques années en chambre d’agriculture. J’ai eu ma première fille en 1982 ; à ce moment là j’ai voulu trouver un travail à la maison, et proche de la terre. Avec mon mari, on s’est dit : pourquoi pas faire des plantes ensemble ?

ARH : Vous vous êtes alors installés comme producteurs de plantes ?

IR : Au début, on a galéré ! Nous n’étions ni l’un ni l’autre issus du milieu agricole, et nous n’avions pas de terrain. En plus, nous choisissions une production peu connue : les plantes aromatiques. On n’arrivait pas à faire reconnaitre par l’administration notre activité agricole ! On a commencé par louer 30 ares dans la forêt sans irrigation et sans statut. Puis on a trouvé une autre parcelle à louer, avec une meilleure terre, qui nous a permis de nous installer comme agriculteurs. Mais ce n’est qu’en 1988 qu’on a acheté une ferme : un domaine de 50 hectares, qu’on a partagé avec d’autres personnes qui avaient des projets agricoles. Pour nous, 3 hectares, une maison et une grange. Sur la ferme nous étions avec un polyculteur-éleveur, un paysan-boulanger, un producteur de semences et petits fruits et un autre producteur de PPAM (Plantes à Parfum, Aromatiques et Médicinales).

«On s’est donc dit que quitte à faire des plantes, elles devaient être de très haute qualité.»

ARH : Avez-vous choisi l’Agriculture Biologique dès le départ ?

IR : Oui, c’était une évidence pour nous. Non seulement l’agriculture biologique, mais aussi la biodynamie, qui est encore plus globale et pas figée. Dans les années 80, encore plus qu’aujourd’hui, l’immense majorité des plantes était importée, et de très mauvaise qualité. On s’est donc dit que quitte à faire des plantes, elles devaient être de très haute qualité.

La « ferme biodynamique » se veut assez complète, avec des cultures et de l’élevage, pour acquérir une certaine autonomie. Nous aimons beaucoup les animaux dans la Nature, mais nous ne nous voyions pas les élever. Le fait d’être plusieurs producteurs sur la ferme – tous en biodynamie – nous permet toutefois d’être dans cette logique.

 

ARH : Quel a été votre parcours pour arriver aux Jardins d’Altaïr aujourd’hui  ?

IR : Dès le départ, nous avons eu la chance de pouvoir travailler avec un herboriste suisse, ce qui nous a permis de démarrer. Et dès 1990, nous avons fait des sachets pour vendre nous-mêmes. On a tout eu à apprendre, y compris la culture des plantes aromatiques. Car un système à notre petite échelle, et avec notre diversité d’espèces cultivées n’existait quasiment pas.

Nous avons créé « Les jardins d’Altaïr », qui réalise la production et la cueillette. Mon mari a 2 associés. Et nous avons ensuite créé une SARL, qui emploie 4 personnes aujourd’hui. Nous achetons les plantes des autres producteurs qui sont sur la ferme, et nous travaillons avec d’autres cueilleurs, en Dordogne principalement, et dans d’autres régions pour des plantes particulières ; par exemple, le tilleul vient des Baronnies. Nous avons à peu près 40 plantes en culture, et une trentaine en cueillette. Nous faisons pas mal de cueillette, la Dordogne est très riche au niveau botanique grâce à ses influences océaniques et méditerranéennes. Nous avons une bonne diversité de plantes, mais en petites quantités. Une ancienne stagiaire s’est installée en Auvergne, et a créé « Altaïr Auvergne ». Nous avons un partenariat avec eux pour la communication notamment. Et nous intervenons pour un centre de formation agricole, qui travaille avec des détenus en fin de peine. L’objectif est de leur permettre de retrouver le contact avec la vie, les gens, le travail. Ce sont en fait d’anciens collègues qui ont créé ce centre de formation, qui sont venus nous chercher pour qu’on intervienne sur le côté pratique, sur la production de plantes. Nous avons accepté à la condition que la production soit en biodynamie ; ils sont ouverts, ils ont accepté. Nous leur achetons la production.

Les séchoirs

La commercialisation se fait en grande partie via des petits magasins, que nous livrons en direct. Nous aimons le contact direct avec les magasins et les personnes ; ça permet d’expliquer notre travail, nos produits, et de restituer l’atmosphère du jardin. Nous travaillons également avec l’herboriste suisse, un vendeur de thés et tisanes suisse également, et nous réalisons une petite partie de notre chiffre d’affaire en direct avec les particuliers.

«[J’ai choisi la formation ARH] pour le prix, le fait qu’elle ne dure pas trop longtemps, et surtout parce que c’était la seule référencée à l’académie.»

ARH : La formation a l’ARH vous a-t-elle aidée dans votre projet ?

IR : J’ai suivi la formation ARH entre 1990 et 1992. Je l’ai choisie pour le prix, le fait qu’elle ne dure pas trop longtemps (2 ans), et surtout parce que c’était la seule référencée à l’académie. J’avais besoin d’une formation sérieuse et cadrée pour répondre aux clients qui voulaient toujours en savoir plus sur les plantes et leurs propriétés. Et effectivement, ça m’a beaucoup apporté. La formation va loin en botanique et en chimie, c’est très utile pour répondre avec sérieux aux demandes des clients. Le certificat qui nous est délivré est aussi un gage de sérieux vis-à-vis des clients.

«Il faut encourager les jeunes à se lancer dans ce beau métier qui améliore la santé des gens, sans polluer.»

ARH : Pensez-vous que les plantes représentent un secteur porteur pour la création d’activités ?

IR : Oui il y a un énorme potentiel autour des plantes ! Dans la production, on en voit peu qui s’installent. Ce n’est pas facile, il faut être très motivé pour démarrer. Mais il y a de la place. Soit parce que les plantes manquent, soit parce qu’elles n’ont pas la qualité requise par les consommateurs, elles ne sont pas soignées. Dans la vente et le conseil, il y a également beaucoup de demandes.
Je crois que c’est un secteur ouvert ; il faut encourager les jeunes à se lancer dans ce beau métier qui améliore la santé des gens, sans polluer.

Les Jardins d’Altaïr
Isabelle Drai

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