Cathy Graveline,
« Achillea, le Comptoir des Herbes à liste »

Hier éducatrice spécialisée, aujourd’hui herboriste dans le Bordelais, Cathy Graveline, qui a terminé la formation de l’IFH en 2020, a ouvert sa propre herboristerie à Saint-Émilion, et propose à sa clientèle des préparations, baumes, macérats ou tisanes à partir de plantes produites en biodynamie.

Bienvenue dans la boutique "Achillea"

ARH : Bonjour Cathy, quelle formation avez-vous suivi initialement, et quel était votre activité professionnelle ?

Cathy Graveline : J’étais éducatrice spécialisée avant de me retrouver dans l’univers des plantes. J’ai toujours utilisé des plantes dans ma vie. J’ai eu la chance de rencontrer des personnes qui m’ont guidé dans mon chemin de vie, et j’ai décidé de chercher une formation en herboristerie. De 2018 à 2020 j’ai donc suivi la formation de l’IFH.

Et pourquoi avoir choisi la formation de l’IFH plutôt qu’une autre ?

Déjà parce qu’elle s’étalait sur deux ans et qu’il y avait du présentiel mais aussi des cours à distance. J’habite près de Bordeaux : il fallait donc choisir une formation adaptée. Le coût de la formation me paraissait juste et en même temps le contenu des cours, la chimie, la pharmacognosie, et les autres matières, me semblaient parfaits pour être bien formée.

je suis allée visiter quasiment toutes les herboristeries de France.

Pouvez-vous dire que la formation de l’IFH vous a aidée concrètement à mettre en forme votre projet ?

Oui, parce qu’au fur et à mesure des apprentissages et de tout ce qui a enrichi mon parcours à ce moment-là, cela m’a permis d’affiner mon projet professionnel, d’avoir aussi ces rencontres ponctuelles avec des personnes qui faisaient la même formation que moi. En même temps, on a une idée en début de formation et cette idée s’affine, et oui, je suis persuadée que cette formation m’a aidée à mener à bien mon projet : savoir où je devais aller. Je ne m’en suis pas tenue qu’aux cours ou aux choses demandées durant la formation : on nous a proposé des stages intermédiaires. J’ai participé à un stage sur la gémmothérapie avec Nathalie Sialve au mois avril et à un stage d’algologie en Bretagne avec Solange Julien. Tout cela a enrichi mon parcours et m’a vraiment permis de savoir où je devais me diriger. J’ai pu acquérir des connaissances un peu plus larges sur les plantes elles-mêmes et aussi sur ce qu’il est possible de faire avec.

La création d’une boutique, c’était l’objectif initial ?

Au départ oui. Je voulais ouvrir un magasin de plantes, une herboristerie, et je suis restée sur cette idée. Je l’ai ouverte en 2020. J’avais déjà cette idée en tête quand je suis allée faire un stage chez un producteur, ou quand je suis allée visiter quasiment toutes les herboristeries de France. Je suis allé en Bretagne, à Bordeaux, dans le sud. Visiter des herboristeries, voir à quoi elles ressemblaient m’a permis de mieux comprendre ce que je voulais pour ma propre boutique.
Je suis allée au bout de mon projet en fait.

Cueillette de la Mauve.

Vous avez réellement fait un petit tour de France des herboristeries ?

Oui, avant de me lancer, je voulais aller rencontrer les personnes et comprendre, même si on l’avait déjà appris dans la formation, les choses à mettre en place comme la réglementation. Je voulais le voir concrètement donc cela m’a permis d’être ouverte à ça. Pendant la formation nous apprenons quelles sont les démarches administratives, et pendant les cours eux-mêmes, nous avons pu rencontrer des personnes qui travaillaient déjà dans les plantes, comme des producteurs ou des fabricants de tisane. Cette démarche m’a permis d’aller plus en profondeur dans mon projet.

Avez-vous quand même eu besoin d’une aide extérieure ou de conseils particuliers ?

Nous avons eu cette aide par l’école avec des cours dédiés : qu’est-ce que le MSA (la Sécurité Sociale agricole) ou à quoi sert une Chambre d’agriculture…. De mon côté je me suis rendue à la Chambre d’Agriculture de ma commune pour savoir un peu où je devais me diriger, je suis aussi allée à la Chambre de Commerce et à la Chambre des Métiers et j’ai suivi la formation « 5 jours pour Entreprendre ». Cela m’a permis d’aborder les aspects de la réglementation, est-ce que je devais ouvrir en tant qu’auto-entrepreneur  ? ou avec autre statut ?

Pousse des Camomilles romaines.

Avez-vous rencontré des difficultés par rapport à cette installation et à l’inverse quels sont les facteurs qui vous ont facilité la tâche ?

Je n’ai pas eu vraiment d’obstacles. J’ai d’abord pris le temps de participer aux « 5 jours pour entreprendre » puis de voir comment mon projet pouvait se concrétiser. J’ai la chance d’avoir pu ouvrir ma boutique dans ce petit lieu derrière ma maison. C’est un petit abri que nous avions déjà et que l’on a aménagé. Je me suis renseignée sur les obligations en terme d’accessibilité afin de pouvoir voir ce qu’il était possible de faire.Pendant ma formation « 5 jours pour entreprendre », on m’a demandé d’aller voir les commerçants de ma commune et de voir ce qu’il était possible de faire. Saint-Émilion est un village historique, reconnu, donc c’était assez compliqué d’y trouver un endroit correspondant à mes besoins. Je travaillais encore comme éducatrice spécialisée. Les choses après ce sont affinées et pour plusieurs raisons je n’ai plus eu de travail en juin 2019. Je me suis dit que c’était le moment où jamais de concrétiser mon projet. J’ai d’abord ouvert ma boutique dans une petite pièce au centre de la maison et ensuite on l’a transférée sur le petit espace qui était derrière.

C’est la rencontre avec l’équipe de l’office du tourisme à qui j’ai expliqué mon projet qui m’a permis d’avancer.

Pourquoi voir les commerçants de Saint-Émilion ?

Mon conseiller à la Chambre de Commerce m’a demandé de chercher un local, et de me renseigner sur les prix auprès d’une association de commerçants s’il y en avait une, et d’essayer de tisser des liens à Saint-Émilion. Cela s’est finalement avéré compliqué, mais c’est la rencontre avec l’équipe de l’office du tourisme à qui j’ai expliqué mon projet qui m’a permis d’avancer. Aujourd’hui je travaille complètement en lien avec eux, et  ils sont aussi des clients de ma boutique ! Je suis référencée dans leur petit magazine. Cela fait deux ans maintenant que je suis installée et j’entame la troisième année.

Mauves en panier.

Pouvez-vous nous présenter « Achillea, le Comptoir des Herbes à Liste » ?

« Achillea » c’est l’Achillée millefeuille. C’est une plante féminine et en même temps une plante de guerriers, de par son histoire avec Achille. Elle est indiquée pour les troubles féminins, pugnace par la présence de ses huiles essentielles, solide et robuste. Elle porte la force de l’été et du soleil tout en couvrant le sol de ses feuilles douces pour le protéger. Je voulais que ma boutique ait un prénom, un peu comme un endroit où l’on va, comme si l’on connaissait la personne. C’est une boutique de plantes médicinales et aromatiques, les plantes sont présentées dans des pots en verre. Il y a très peu de préparations faite en avance car ma particularité est de faire les préparations sur demande, en tenant compte comme on me l’a appris dans la formation, des contre-indications, de ce que les gens me disent, bref j’adapte les plantes à la personne.

Eschscholzia : Pavot de Californie.

Vous personnalisez votre offre en fait ?

Ce que j’explique bien c’est que la préparation que je propose ne sera pas adaptée  à quelqu’un d’autre. Je préfère avoir les personnes en direct ou au téléphone, mais je fais aussi pas mal de salons quand c’est possible afin d’aller à la rencontre des personnes.

Il y a donc un temps d’écoute au téléphone ou en face de la personne, afin que vous compreniez attentivement sa demande ?

C’est essentiel. Les gens me disent « Il m’arrive tel ou telle chose, ou bien je souffre de telle ou telle chose. » J’essaye donc de comprendre quels sont les besoins premiers. Parce que souvent les demandes sont multiples, je dois donc établir une priorité pour ensuite préparer les plantes qui vont aller vraiment au cœur de cette demande. J’explique aussi que les plantes ce n’est pas anodin. J’organise également des ateliers « tisanes » pour expliquer les propriétés des plantes, leurs synergies, les plantes que l’on peut mélanger… je parle aussi de l’histoire un peu magique de nos plantes. Je fais des ateliers pour faire connaître aux gens les plantes qui sont autour de mon jardin, quelles sont celles que l’on peut utiliser. J’essaye de faire au plus simple, de ne pas aller chercher de plantes trop compliquées : je parle surtout des plantes qui sont autour de chez nous et de celles que tout le monde peut avoir autour de sa maison.

Sauge officinale.

Faites-vous vos cueillettes vous-même, dans la nature, dans votre jardin ?

Oui il y a des plantes que j’ai cueillies dans la nature et dans mon jardin, pas vraiment autour de chez moi car je suis près des vignes (qui ne sont pas toutes en bio) mais je travaille aussi avec des producteurs, des personnes que j’ai connues aussi pendant la formation et qui se sont lancées en tant que productrices. Je travaille avec elles, je leur commande les plantes que je n’ai pas. Je suis très contente de pouvoir travailler avec ces personnes.

Préparation de gelée de Raoul à base de plantes.

Finalement il y a donc toujours eu un lien entre la formation et mes fournisseurs de plantes.

Donc vos fournisseurs sont essentiellement des gens que vous avez rencontré via la formation de l’IFH ?

Oui, pour une grande partie ! Les trois productrices que je connais ont fait la formation et se sont lancées. Je travaille avec elles et aussi avec un autre producteur que j’ai rencontré finalement aussi par le biais de la formation, parce qu’en faisant mon stage chez la productrice, elle m’a présenté cette personne. Finalement il y a donc toujours eu un lien entre la formation et mes fournisseurs de plantes.

Avez-vous un atelier de transformation ?

Oui, c’est vraiment un très petit endroit dans mon arrière-boutique, je n’ai pas les moyens d’avoir un laboratoire, mais j’ai un petit endroit et je ne produis que là.

Quelle est la part de la vente en ligne et la part de vente dans la boutique elle-même ?

La vente en direct fonctionne mieux, je privilégie moi-même les rapports humains et les ventes se font vraiment plus en direct : dans la boutique ou sur les salons.

Baume à lèvres.

Comment faites-vous la promotion de votre activité ? L’Office du Tourisme de Saint-Emilion y participe je suppose ?

Oui, tout à fait. J’ai adhéré à l’Office du Tourisme qui m’a de fait inclus dans le catalogue de Saint-Émilion, mais j’ai créé aussi ma page Facebook, et j’ai un compte Instagram. Je poste régulièrement des photos de mon activité. Petit à petit le bouche-à-oreille fonctionne bien et je suis bien référencée sur Google aussi. Les gens me trouvent assez facilement.

Par rapport aux réseaux sociaux, vous faites-vous aider ?

Mon fils et ma fille m’ont beaucoup aidée. Mon fils est graphiste, il m’a fait les cartes et les dépliants, et d’autres choses. Ma fille m’a aidée pour les photos des plantes ou de la boutique, et également pour mettre le site en ligne : il a fallu mettre en ligne les 200 produits que je vends. Cela a représenté beaucoup de travail.

Est-ce que vous pourriez nous décrire votre clientèle ?

En fait c’est assez varié : j’ai aussi bien des jeunes entre 25 et 30 ans que des mamans avec des jeunes enfants, et qui viennent pour voir si je fais des sirops à base de plantes ou des gelées, ce qui est le cas. J’ai vraiment une clientèle assez variée ! j’ai aussi une clientèle de gens plus âgés, qui ont entre 70 et 80 ans.

"Atelier Tisanes". Installation permettant l'accueil des groupes.

Géographiquement votre clientèle est proche de vous, ou les gens viennent de plus loin ?

J’ai des gens qui viennent de Bordeaux ou des gens qui viennent du Blayais, c’est quand même à une heure de route… j’ai même des clients qui viennent de Dordogne, de Périgueux, parce que le bouche-à-oreille fonctionne très bien, les gens ont compris que je faisais des choses sur-mesure. Ils m’appellent et je les reçois sur rendez-vous : avec la situation sanitaire actuelle cela est plus simple. Je peux donc entièrement me consacrer à eux, il n’y a pas trop de monde dans la boutique et les gens ne se croisent pas. 

Est-ce qu’il y a un intérêt croissant pour les soins à base de plantes selon vous ?

Oui, fortement. Les gens cherchent sur internet des plantes qui leur seraient soi-disant utiles et ensuite ils m’appellent. Leur première demande est souvent celle-là : « Est-ce que vous vendez cette plante ? Parce que j’ai vu sur Internet que ce serait bien que j’en prenne pour ceci ou cela. » Et grâce a la formation de l’IFH je peux heureusement les mettre en garde. »Si vous voulez cette plante, sachez qu’elle a telle ou telle contre-indication ou telle ou telle propriété, et suivant les médicaments que vous prenez, elle peut ne pas être bénéfique. » J’attache beaucoup d’importance au conseil.

Sachet de tisane "Mille saveurs" à la vente avec une théière.
Bougies en forme de canelés.

Diriez-vous qu’il est possible de créer son activité en en rapport avec les plantes ?

Je pense que cela a de l’avenir et je veux fortement y croire, je fais partie de celles qui espèrent fortement que la formation soit enfin reconnue car une formation reconnue c’est un diplôme reconnu. Je pense que l’on revient beaucoup aux plantes et aux soins par les plantes, beaucoup de gens venant dans ma boutique font des stages car ils veulent devenir naturopathe.

Merci beaucoup Cathy.

Les productrices, toutes formées à l’IFH, avec qui travaille Cathy Graveline :

« Claire des Près » à Fougerolles (Indre)

Clo-rofil à Pellegrue (Gironde)

Les Racines Herbes Atouts à Berné (Morbihan)

ACHILLEA
Le Comptoir des Herbes à Liste
Cathy Graveline
Tel : 06 22 46 00 93
5 Le Rivalon
33330 Saint-Émilion

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