Marion Desray,
« La Plante Libérée »

Marion Desray est une jeune femme passionnée qui a terminé sa formation de 2 ans à l’IFH en juin 2019. Après une carrière comme ingénieure chimiste, elle décide de se réorienter dans le domaine des plantes, sa passion depuis toujours, et crée son activité à Issirac, dans le Gard, où elle est installée.
Récolte de lavandin

ARH : Bonjour Marion, comment vous êtes-vous intéressée aux plantes ?

Marion Desray : J’étais intéressée par les plantes dès l’adolescence, grâce à différents livres de la bibliothèque familiale notamment. J’étais beaucoup dans la nature, je faisais du VTT, des balades. C’était déjà très clair pour moi : je voulais travailler dans l’environnement, au plus près de la nature. Les études ont fait que je ne me suis pas forcément orientée tout de suite dans cette direction, mais j’ai toujours continué à m’y intéresser, avec beaucoup de livres autour de moi sur les plantes, sur l’herboristerie, sur la phytothérapie.

ARH : Quel a été le déclencheur de ce changement d’activité par rapport à votre formation initiale ?

Marion Desray : C’est venu d’un changement de vie et d’un changement de cap professionnel. Je suis ingénieure chimiste, avec une spécialisation en environnement, et j’étais cadre dans le domaine de la mesure de la qualité de l’air. J’ai presque fait un burn-out en 2014 et je me suis dit que je devais absolument changer de vie professionnelle. J’ai demander à passer à temps partiel et j’ai réfléchi. Je devais démissionner de mon poste, trouver ce qui me plaisait vraiment, m’engager dans une nouvelle voie. Il y avait urgence à faire quelque chose qui me passionne, que cela aboutisse ou non sur du concret. Évidemment, je me suis tournée vers les plantes. Je voulais une formation “carrée”, scientifique, référente dans plusieurs domaines : la botanique, la pharmacognosie, même la chimie des plantes… J’ai donc décidé de commencer la formation préparatoire de l’IFH tout en continuant à travailler à temps partiel. Le domaine des plantes est tellement vaste, une vie entière ne suffit pas pour tout comprendre, tout connaître, et c’est cela qui m’a passionnée.

 
Matorral de la vallée de la Cèze

ARH : Pensez-vous que votre premier métier vous a facilité les choses par rapport à la formation IFH ?

Marion Desray : Tout à fait, ne serait-ce que par rapport à tous les cours de chimie, qui pour moi étaient très simples. Mais également en terme d’organisation : avoir un job et la formation de l’IFH à gérer de front oblige à être organisée, à travailler d’une certaine manière : ma formation de cadre m’y a préparée. C’est également vrai pour la création de mon projet, le côté administratif et organisationnel ne m’ont pas rebutée : j’ai su gérer les fournisseurs, les matières premières, le côté commercial, rédactionnel… Je ne regrette rien, ma formation initiale m’a bien aidée.

J’ai commencé l’IFH sans trop savoir où j’allais, et puis, au fur et à mesure de la formation sur 2 ans j’ai vraiment compris que je voulais en faire quelque chose : c’est définitivement cela que je voulais faire.

ARH : De quelle manière la formation IFH a-elle été utile pour votre projet ?

Marion Desray : Elle m’a été effectivement très utile ! il y a beaucoup de matières que j’ai découvertes, que je ne connaissais pas du tout, comme l’ethnobotanique, que j’aimerais développer plus tard. La formation m’a aidé aussi à mûrir cette reconversion. J’ai commencé l’IFH sans trop savoir où j’allais, et puis, au fur et à mesure de la formation sur 2 ans j’ai vraiment compris que je voulais en faire quelque chose : c’est définitivement cela que je voulais faire. Je ne veux pas forcément en vivre, parce que ce n’est pas forcément mon objectif, mon objectif c’est de vivre avec cela. Si je peux en vivre, c’est formidable, mais je veux d’abord “faire” et continuer à apprendre, parce qu’on apprend tous les jours avec les plantes.

 
Cueillette de pouces de ronce

ARH : Comment est venu ce choix de l’IFH ? Parce que c’est une formation à distance ?

Marion Desray : Oui, d’abord parce que cette formation est à distance, ensuite parce qu’elle s’étale sur 2 ans et non sur 3 ans. Je trouvais que 2 ans c’était déjà long ! Ensuite j’ai comparé les différentes formations en faisant des recherches sur internet. Il fallait que je puisse continuer à travailler en parallèle.

 
Récolte d’Helichrysum stoechas

ARH : Avez-vous suivi d’autres formations, des formations courtes, ou comptez-vous en suivre d’autres dans les prochains temps ?

Marion Desray : J’ai suivi une formation en avril dernier grâce au CIVAM BIO Gard, sur la réglementation cosmétique : faisant des savons, je suis obligée de répondre à la réglementation cosmétique. Et grâce à Pôle-Emploi, je me suis inscrite à une formation à distance sur les cosmétiques naturels et l’aromathérapie. C’est une formation plus pointue, sur les différents types de peaux, les différents types de cheveux, les protocoles de soins, les différentes matières premières, et l’élaboration de formulations. C’est plus ciblé. Ensuite grâce à mon compte CPF (qui me reste de mon ancien emploi) j’aimerais suivre une formation sur la reconnaissance et la création de parfums à Grasse. C’est un domaine qui m’attire aussi.

“La plante libérée” est une microentreprise : l’idée est d’avoir une activité secondaire liée aux plantes : un labo, des ateliers à organiser…

ARH : Aujourd’hui, « La plante libérée » a quel statut ?

Marion Desray: “La plante libérée” est une microentreprise : l’idée est d’avoir une activité secondaire liée aux plantes : un labo, des ateliers à organiser en demi-journée ou en journée sur des thèmes très divers autour des plantes, comme la vannerie sauvage, les teintures végétales, les plantes au féminin ou au masculin, ou l’organisation de randonnées botaniques à thèmes.
Ensuite j’ai gardé une activité de mesure de qualité de l’air en free-lance avec certains de mes anciens clients. C’est du “conseil aux entreprises”, en profession libérale. Je réalise des missions ponctuelles tout au long de l’année pour gagner un peu d’argent et pouvoir investir dans mon activité dite « secondaire » qui pour moi est la plus importante.

 
Le miracle de la distillation

ARH : Quels sont vos outils de communication ?

Marion Desray : Pour l’instant c’est très local, et je viens de mettre en ligne mon site internet (lien) Je n’ai pas envie de passer par Facebook, et j’ai un réseau assez grand, car je suis plutôt active au niveau associatif. Cela me suffit donc pour le moment.

ARH : Au niveau administratif, avez-vous eu des difficultés à passer d’une activité à une autre ? De partir de zéro, pour créer une nouvelle activité ?

Marion Desray : C’est encore compliqué, car je suis encore dedans ! Comme je vous l’ai dit, j’ai gardé une activité de mesure de la qualité de l’air, en profession libérale comme activité principale. Je me suis donc inscrite en décembre 2018 sur le site du centre des formalités des entreprises de l’URSSAF pour avoir mon numéro SIRET. Or j’ai appris récemment que si l’on a une activité artisanale, même en activité secondaire, et même si on ne la pratique pas, c’est nécessairement la Chambre des Métiers et de l’Artisanat qui doit fournir le numéro SIRET, c’est auprès d’elle que l’on doit se tourner. Évidemment c’est une information quasi impossible à dénicher… Si j’avais été inspectée depuis 1 an, j’aurais pu payer une très forte amende, simplement parce que mon activité n’était pas enregistrée à la Chambre des Métiers et de l’Artisanat. Tout cela est anxiogène ! Il faut vraiment aller chercher les informations, elles ne viendront pas à vous, c’est compliqué.

Récolte de lavandin avant séchage à l’ombre
 

Une autre difficulté tient à mon activité autour de la saponification à froid. Il faut répondre à la réglementation cosmétique et rédiger des “Dossiers Information Produit” (DIP) : ce sont des dossiers très importants dans lesquels on doit développer les aspects liés à la sécurité du produit, aux matières premières utilisées, à la microbiologie, aux calculs de DDM (Date de Durabilité Minimale), de PAO (Période Après Ouverture). Ces DIP doivent ensuite être validés par un toxicologue. Tout cela est tout à fait normal, mais là où cela se complique, c’est qu’il faut rédiger un dossier par savon : si on fabrique 10 savons il faut donc faire 10 dossiers, et chaque dossier coûte entre 200 et 300 euros à faire valider. Aujourd’hui j’en suis à essayer de démontrer qu’il n’y a pas de transfert de polluant entre le plastique de la moustiquaire que j’ai utilisée pour fabriquer mes claies de séchage, et les savons que je dispose dessus ; alors que j’ai une formation scientifique et que j’ai l’habitude de rédiger des dossiers, je me rends compte que c’est faisable mais hyper fastidieux.

Mon objectif est d’inciter les gens qui m’entourent à redécouvrir les savoirs traditionnels, et à revenir à du bon sens, afin d’arrêter de se mettre n’importe quoi sur la peau, ou d’aller chez le pharmacien pour un oui ou pour un non.

ARH : Avez-vous trouvé des aides, des conseils en dehors de vos formations ?

 

Marion Desray : J’ai beaucoup de chance car j’ai un gros réseau amical autour de moi, donc je suis soutenue moralement. Pour la saponification, on est 4 au niveau local à faire la même activité, et j’essaie de faire en sorte de travailler en collectif : acheter les matières premières ensemble pour diminuer les coûts, se donner des infos par rapport à la rédaction du DIP et travailler ensemble pour grouper le travail de la toxicologue. Idem pour les marchés, j’aimerais bien que l’on s’organise. Si un marché se déroule sur 3 jours, et que l’on est 3 savonniers, on pourrait ne faire qu’un seul stand de saponification à froid et se partager les jours de présence derrière le stand, afin de répartir les coûts : on diviserait le coût de la location du stand par 3 et on serait libre 2 jours chacun pour bosser. L’objectif, ce n’est pas de se dire “Mince, Untel a vendu plus de savons que moi”, c’est d’apporter une information au public, de lui dire “Passez à la saponification à froid, arrêtez le Tahiti douche” ; c’est cela qui est essentiel.

Alcoolatures et macérats glycérinés de bourgeons

L’important, c’est de faire passer un message. C’est d’ailleurs la première chose qui m’a motivée pour cette formation, (pour tout ce que je fais d’ailleurs !). Mon objectif est d’inciter les gens qui m’entourent à redécouvrir les savoirs traditionnels, et à revenir à du bon sens, afin d’arrêter de se mettre n’importe quoi sur la peau, ou d’aller chez le pharmacien pour un oui ou pour un non. Autour de nous il y a énormément de plantes qui peuvent nous aider ! Mon idée générale n’est pas juste de créer mon entreprise pour gagner de l’argent, ce n’est pas cela qui m’a motivée. Mais plutôt le côté militant, et pour aller même plus loin, le côté féministe militant. Les herboristes, dans les campagnes, étaient des femmes pour la plupart, et ceux qui ont décider de stopper ce diplôme et qui ont voté pour sa suppression en 1941, c’étaient bien des hommes : c’est un acte de militantisme de suivre une formation comme celle de l’ARH, non reconnue officiellement, et de se dire, “C’est pour moi que je le fais, et c’est pour les autres aussi parce que je veux diffuser tout ce que j’ai pu apprendre et tout ce que je vais apprendre.” Alors, bien entendu, à un moment donné il faut bien gagner sa vie, mais voilà l’idée globale.

Quelques tisanes

ARH : Selon vous, est-il possible de créer une activité en lien avec les plantes ?

Marion Desray : Si “créer une activité” cela veut dire gagner 2000 euros par mois, non, cela ne me semble pas possible. Si cela signifie retrouver un équilibre, être au plus proche de la nature, se recentrer, retrouver une certaine sérénité, prendre le temps, et être en lien avec les gens qui nous entourent, oui, c’est complètement envisageable.

Saponification à froid et herboristerie

ARH : Avez-vous des choses à ajouter ? ou à préciser ?

Marion Desray : Oui, tout à fait, il y a un thème que j’aimerais aborder. La formation à l’IFH permet d’acquérir beaucoup de connaissances sur les plantes, sur la botanique, sur l’identification, d’étudier la pharmacognosie… et ce que j’ai trouvé particulièrement intéressant, c’était de pouvoir se réapproprier les plantes qui nous entourent au niveau local, comparativement aux plantes exotiques que l’on peut nous proposer sur le marché. Pour le grand public la phytothérapie est souvent synonyme de plantes exotiques qui viennent de très loin, mais près de chez soi on trouve toutes les plantes dont on a besoin, et je trouve que c’est très important de se réapproprier cela.

ARH : Merci beaucoup Marion.

La Plante Libérée
Marion Desray

Transformation de plantes, ateliers, randonnées

Ateliers :

Alcoolatures et teintures mères : cueillette, fabrication, précautions, utilisation
Gemmothérapie : cueillette, fabrication, précautions, utilisation
Mâcérats huileux – faire son baume soi-même – Teinture végétale
Saponification – Vannerie sauvage – Les plantes au féminin/au masculin
Musique avec les plantes…

Randonnées herboristes :

Botanique et reconnaissance – Les plantes comestibles
Plantes utilisées en vannerie sauvage

Vente à l’atelier :

Plantes sèches, savons

Le Sauvan
30760 ISSIRAC
Mobile : 06 21 22 09 40

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