Julien Lebœuf,
« Herb’Horizons ».

Julien Lebœuf se décrit lui-même comme un botaniste de terrain, jardinier voyageur et herboriste.
Il a largué les amarres en Bretagne, son pied à terre, point de retour de ses longs voyages, non loin de la mer pour nous transmettre sa passion des plantes dont les algues.
Les plantes des falaises littorales sur l’île de Bréhat. Un grand bol d’air marin !

ARH : Julien, quel a été votre parcours ?

Julien Lebœuf : Après des études en animation socioculturelle, j’ai commencé par être animateur nature en milieu marin pour des classes vertes tout en alternant avec des voyages. Par le biais du woofing, du volontariat ou de stages, j’ai eu l’occasion d’explorer la nature environnante de nombreux pays avec comme fil rouge l’ethnobotanique . Partout où j’allais, je m’intéressais aux plantes consommées, cultivées et utilisées comme médicinales, ou pour la construction et j’essayais toujours de trouver une petite flore locale, mais j’ai surtout appris auprès des personnes.

ARH : Quel est le pays qui vous a le plus marqué, botaniquement parlant ?

Julien Lebœuf : Cette question n’est pas facile. Pour nous, les pays exotiques ont une flore complètement étrangère donc sidérante comme par exemple des pays de l’Amérique Latine tels que la Colombie. Un pays qui m’a marqué plus particulièrement pourrait être le Brésil. Là-bas, le voyage était riche de nombreuses rencontres dont celles avec les « Paysans sans Terre » de la région du Nordeste grâce à un ami brésilien qui avait fait son stage chez Kokopelli en  France et bien d’autres…
Ces expériences m’ont donné envie d’entamer une formation en horticulture avec une spécialisation en maraîchage bio. Je m’y suis laissé prendre. Je voulais apprendre beaucoup de choses, toujours plus, pour découvrir par exemple les techniques d’agroforesterie, de la taille douce des arbres fruitiers, de la greffe, … et là encore par des stages, des emplois, du volontariat. C’est d’ailleurs ainsi que j’ai travaillé dans le sud de la France chez un ami qui avait fait la formation de l’ARH.

Le résultat coloré d’un atelier de cuisine des plantes sauvages ! Pesto d’algues et cakes à la bette maritime !

ARH : C’est donc ainsi que vous avez connu l’ARH, avec cet ami ?

Julien Lebœuf : Oui, je connaissais déjà l’herboristerie et je savais depuis quelque temps que j’allais me diriger vers une formation mais je ne savais pas encore laquelle. Voulant apprendre beaucoup et passionné de voyages, j’ai voulu dégager un peu de temps pour m’y consacrer.

« Je savais que je n’allais pas être en France et l’ARH est la seule qui proposait des cours à distance. »

ARH : Pourquoi avez-vous choisi l’ARH ?

Julien Lebœuf : Je savais que je n’allais pas être en France et l’ARH est la seule qui proposait des cours à distance. Le contact avec les professeurs aussi me parlait. Les interviews des anciens élèves sur le site et cette ambiance non pas familiale mais conviviale me plaisaient. Dans la promotion, nous étions d’accord pour se dire qu’il y avait vraiment une vie associative ; ce n’est pas juste la formation et après plus rien ! On avait aussi envie de faire vivre et aussi de militer autour de l’herboristerie. Nous avons été plusieurs à être touchés par ça et on échange d’ailleurs toujours entre nous pour savoir qui se rend au congrès des herboristes par exemple…

Les plantes des prés salés, la salicorne et ses copines. Les pieds dans l’eau à Bréhat !

ARH : Est-ce que notre formation vous a aidé dans votre projet ?

Julien Lebœuf : Elle m’a aidé à asseoir mes connaissances et à les développer. C’était très riche et je savais ce que je venais chercher ; cela a été un grand bonheur et une grande chance de pouvoir apprendre autant de choses ! C’est l’aboutissement de toutes ces années à droite et à gauche ; il fallait qu’un jour je suive cette formation et j’ai été très heureux de le faire là.

ARH : Comment en êtes-vous arrivé à créer « Herb’Horizons » ?

Julien Lebœuf : Lorsque j’ai travaillé en maraîchage biologique sur l’île de Bréhat, nous avons créé une association avec des botanistes amateurs « Fert’île » et commencé à proposer des petites sorties, des stages de courte durée et à faire venir des intervenants sur les plantes médicinales, les algues … ça me plaisait beaucoup et c’est un petit peu ce qui m’a décidé à me lancer.
Alors que j’étais encore en Colombie, une amie qui avait déjà fait des sorties botaniques avec moi m’a demandé de faire une proposition de stage à thème sur une semaine pour une résidence de Bréhat accueillant ce type de séjours. Quand je suis rentré, le stage était déjà sur leur catalogue. J’ai animé le premier en septembre dernier, c’était génial ! Cette année, j’ai d’autres stages de ce type en milieu marin qui sont prévus à la semaine. Je propose également des sorties à la demi-journée ou journée de ma propre initiative. Pour les stages, les interventions se déroulent sur 5 demi-journée avec des sorties botaniques, des ateliers de cosmétique et de cuisine des plantes sauvages. Les soirées sont un moment privilégié pour échanger de façon informelle sur la botanique ou les vertus des plantes médicinales de façon personnalisée.

« Il y a aussi un retour d’intérêt sur le mode d’utilisation des plantes ; il y a une curiosité certaine sur la partie herboristerie. »

ARH : Donc vous pensez que les plantes médicinales représentent un secteur porteur ?

Julien Lebœuf : Au cours des sorties littorales, on parle de ce que l’on fait des algues en Bretagne et les gens posent beaucoup de questions sur les vertus médicinales, sur la façon d’utiliser les plantes médicinales en général. Dans les sorties, on aborde beaucoup de points. J’aime bien l’histoire, l’ethnobotanique, comment on se sert des plantes. J’accueille tout type de public, je suis très ouvert. Pour l’instant le public le plus touché est celui des jeunes retraités sur ce genre de séjours à thème car ce sont des gens qui ont du temps tout simplement. Il y a aussi un retour d’intérêt sur le mode d’utilisation des plantes ; il y a une curiosité certaine sur la partie herboristerie.

ARH : Avez-vous rencontré des difficultés pour mettre en place votre projet ?

Julien Lebœuf : Pour l’instant, c’est vraiment le début et tout se passe plutôt bien. Le frein, cela va être le temps entre le moment où l’on démarche auprès des structures et le temps où on est vraiment sur le terrain avec les personnes. Il faut apprendre à être patient…

ARH : C’est surtout la communication, la commercialisation ?

Julien Lebœuf : Oui, le temps de se faire connaître en période de lancement. Pour ne pas être trop frustré par cette attente de réponse qui est quelquefois un peu pénible, je propose, via mes réseaux et le bouche à oreille et sur le site internet, des sorties à la journée ou à la demi-journée.

Sortie botanique à l’île Besnard, près de Saint-Malo.

ARH : Est-ce que ce genre de projet que vous avez mis en place, qui tourne autour de l’animation est reproductible, les élèves de l’ARH pourraient-ils l’envisager de façon constructive économiquement parlant ?

Julien Lebœuf : Je pourrai certainement vous donner une réponse un peu plus tard. Mais il y a des choses à développer en animation dans des régions comme la Bretagne ou d’autres régions tournées vers le tourisme vert, la randonnée et le bien-être avec la mer. On m’a encouragé dans cette voie là ! Il faut cependant envisager de garder ou d’exercer une autre activité en même temps car je ne suis pas sûr que l’on puisse en vivre à plein temps.

ARH : Cela revient depuis le début de notre entretien, c’est la notion de réseau ; vous travaillez beaucoup sur le réseau d’abord amical puis professionnel . C’est ainsi que vous vivez votre passion ? Je peux parler de passion ?

Julien Lebœuf : Oui, c’est certain ! C’est grâce aux personnes qui m’ont encouragé et continuent de le faire que j’ai décidé de démarrer cette aventure et qu’elle prend forme. Alors je terminerai en remerciant toutes ces personnes rencontrées pendant tous ces beaux voyages, en remerciant mes proches, et les amis de la formation et merci à l’ARH !

ARH : Merci Julien.

Herb’Horizons
Julien Lebœuf

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