Isabelle Giacotti cultive des plantes aromatiques et médicinales dans le sud du Cantal, aux côtés de son mari qui, lui, mène une activité apicole.
Et c’est bien d’autres productions et projets qu’ils mènent tous les deux, que nous vous proposons de découvrir ici.
ARH : Que faisiez-vous avant de vous installer dans le Cantal ?
Isabelle Giacotti : Sylvain, mon mari, et moi vivions dans le sud de la France. J’ai une formation en géographie, et j’ai travaillé 10 ans dans la gestion des déchets. Sylvain travaillait dans l’animation jeunesse. J’ai eu envie de passer à quelque chose de moins administratif, et de plus positif que de gérer les excès des rebuts de la société… Etant originaire du Berry, j’avais dans l’idée d’ouvrir une boutique de produits berrichons en Provence. Mais ne faire que du commerce ne me branchait pas non plus totalement, j’avais envie de mettre la main à la pate ! De plus, moi berrichonne et Sylvain franc-comtois, nous avions envie de quitter la Provence pour une région plus rurale et authentique.
J’ai grandi dans les tisanes : j’avais 2 grandes tantes herboristes, qui ont laissé des traces dans le milieu familial. Les plantes ne m’étaient pas inconnues, sans pour autant que je sois passionnée. Mais il y a quelque chose qui me touche dans le végétal. J’ai alors commencé la formation à l’ARH en 2006-2007, sans vraiment savoir ce que j’en ferais. J’ai eu ma 1ère fille en 2008, et j’ai terminé l’ARH en 2009. De son côté, mon mari s’est lui aussi réorienté. L’idée de se lancer dans l’apiculture est venue soudainement et s’est concrétisée très vite, puisqu’il a suivi une formation BPREA (Brevet Professionnel Responsable d’Exploitation Agricole) et s’est installé ensuite, en 2010 dans le Cantal.
ARH : Et c’est ensuite que vous avez commencé la culture des plantes aromatiques et médicinales?
IG : J’ai d’abord travaillé un an dans le Cantal, dans la gestion des déchets, et je suis partie en congé maternité. Et je n’ai jamais repris ce travail. J’ai fait mes premiers semis en 2011. L’hiver 2011-2012 a été très dur car nous avons perdu 80% de nos ruches !
[pix_box type= »error »]« Nous avons maintenant environ 200 ruches, dans un rayon de 50 km autour de la maison, car nous ne voulons pas « faire du miel avec de l’essence »[/pix_box]
On s’est alors dit que les aléas étant tellement importants en apiculture, il nous fallait diversifier nos productions. J’ai donc débuté les sirops et confits dès 2012.
ARH : Quels sont vos différents ateliers aujourd’hui, et comment vous organisez-vous ?
IG : Nous avons maintenant environ 200 ruches, dans un rayon de 50 km autour de la maison, car nous ne voulons pas « faire du miel avec de l’essence ». Nous produisons du miel, mais également du pollen frais et de la propolis. Nous cultivons des plantes aromatiques, que nous transformons en sirops et confits. Nous élaborons également quelques sels, huiles et baumes en macération solaire, avec la cire d’opercule de nos ruches. Nous utilisons également nos plantes en tisanes notamment, pour soigner nos abeilles. Puis nous avons acquis en 2013 un terrain dans l’idée de construire un bâtiment pour le stockage du matériel, la miellerie, un laboratoire de transformation et à terme pouvoir accueillir du public et avoir un lieu de vente. Nous disposons sur ce terrain d’une châtaigneraie traditionnelle et de quelques pommiers. Nous transformons donc également la châtaigne et faisons du vinaigre de pomme. Enfin, nous avons mis en production des petits fruits, pour avoir une gamme de confitures et pouvoir faire des croisements entre productions (confiture châtaignes + petits fruits par exemple). Toutes nos productions sont certifiées agriculture biologique.
J’ai travaillé sans statut pendant quelques temps, et depuis octobre 2013, je suis conjoint-collaborateur. Sylvain s’occupe plus particulièrement de l’apiculture, et moi de la famille et des plantes. Nous nous répartissons la commercialisation : nous faisons des marchés et foires bio, livrons quelques magasins bio et des restaurateurs.
ARH : Comment s’est passée votre installation, et comment vous en sortez-vous aujourd’hui ?
IG : D’un point de vue économique, toutes les productions ne sont pas encore au maximum de leur potentiel, mais nous nous en sortons. Nous n’avons pas des produits énormes, mais également peu de charges. Nous voulons vraiment monter en puissance progressivement, sans avoir le couteau sous la gorge à cause d’emprunts trop importants. Et notre force est la diversification ; nous n’avons pas tous nos œufs dans le même panier. C’est aussi notre volonté de faire pas mal de trucs différents tout au long de l’année. Toutes nos productions sont certifiées agriculture biologique, non seulement par philosophie, mais cela nous permet aussi d’avoir accès à des magasins bio locaux, où nous fixons les prix et non le contraire…
Psychologiquement, on a eu des périodes compliquées. Heureusement qu’on était deux, et qu’on a cru en notre projet. Je connaissais un peu les difficultés du milieu agricole, j’ai donc pu soutenir Sylvain lorsque nous avons perdu la grande partie de nos ruches par exemple. Heureusement aussi que nous avions un peu de sous d’avance, car au début nous travaillions à perte.
ARH : Est-ce que les connaissances acquises à l’ARH vous sont utiles aujourd’hui ?
IG : Au départ, avec les plantes, je n’ai pas élaboré une gamme de soin, mais bien de produits alimentaires avec un goût authentique. Et en fait, plus de la moitié des clients s’intéressent aux propriétés de ces produits ! Les plantes restent donc du domaine de la phytothérapie, même si ce ne sont pas des tisanes. La formation me rend bien service pour parler des vertus des plantes.
[pix_box type= »error »]« J’ai choisi l’ARH car il n’y avait pas ce côté marketing déplaisant qu’on retrouve dans d’autres formations. »[/pix_box]
Et c’est aussi un gage de sérieux lorsque je dis que j’ai suivi cette formation de phytologue-herboriste. Cela m’a aussi permis de comprendre les plantes, et de pouvoir répondre aux besoins d’utilisation des clients.
J’ai choisi l’ARH car il n’y avait pas ce côté marketing déplaisant qu’on retrouve dans d’autres formations. Mon choix s’est aussi fait sur le prix intéressant, et le fait que la formation dure 2 ans et non 3. Et j’ai beaucoup apprécié les stages pratiques et le stage en milieu professionnel, que j’ai fait chez un producteur-cueilleur du Livradois-Forez. La force de l’association est son réseau et les échanges que cela permet.
ARH : Voyez-vous un potentiel d’activités et d’emplois important autour des plantes ?
IG : Oui, il y a vraiment des choses à faire. Faire que des plantes en tisanes, c’est beaucoup de boulot pour gagner pas grand-chose. Mais par exemple il y a de la demande en plantes dans la cuisine. Nous avons par exemple un partenariat avec un restaurant gastronomique, qui utilise des plantes originales comme l’hysope. C’est très intéressant et ça donne un autre regard sur les plantes qui sort de l’aspect phytothérapie. Il y a également une demande sur des plantes authentiques de qualité, en opposition aux gélules.
Nous avons essayé de créer une exploitation en cohérence avec nous-mêmes. Dans ce cas, si on n’a pas des exigences financières trop importantes, ça ne peut que marcher car il y a de la demande.
Mise à jour, 25/08/2016 :
Isabelle Giacotti a les honneurs d’un bel article du journal auvergnat La Montagne, daté du 25 août 2016.
Les délices des p’tites abeilles
Isabelle et Sylvain Giacotti
Producteurs paysans
Agriculture biologique
Lestrade
15600 Leynhac
Tél. 04 71 43 81 52